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SYMPHONIES ET FANFARES POUR LES SOUPERS DU ROY
Production Jacques Wolfsohn
SYMPHONIES ET FANFARES
POUR LES SOUPERS DU ROY
MC. 20.086
SÉRIE
ARTISTIQUE
M.C. 20.086
FACE 1
Jean-Joseph MOURET (1682-1738).
FANFARES pour des violons, hautbois, bassons, trompettes
(l' • Suite de symphonies).
a) Rondeau.
b) Gracieusement.
Fanfares.
d) Gigue.
François COUPERIN (1668-1733).
LA STEINKERQUE.
a) Gaiment.
b' Air.
Gravement.
d) Légèrement. —Fanfares.— Lentement. —Gravement.
e) Gannent. — Lentement.
Jean-Baptiste LULLY (1632-1687).
MARCHE DES MOUSQUETAIRES DU ROY.
et MARCHE DES MOUSQUETAIRES GRIS.
et timbales
COLLEGIUM MUSICUM DE PARIS — Direction : Roland DOUATTE
Dès que l'on parle de Jean-Baptiste Lally, il convient d'abord de détruire une légende qui
veut que Lully débute à Par.s comme marmiton. En tait, Lully, remarqué par Hogcr de
Lorrame, lors d'un voyage Florence, vient Parjs, engage par Mlle de Montpensier, avec le
litre de garçon de la chambre nous dinons aulould nui secrétaire particulier. Intrigant,
aoué, pratique, Il ne va pns tarder, après avo•r éte danseur, à être nornmé a vingt ans à In téte
de la Grande Bande des 21 violons du Hoy. li cree alors son orchestre, Petite Bande o,
composee de seize .nstruments à cordes. Habile, sachant se rendre ind.spensable, sans scrupules,
unira sa comme surintendant de la Musique du Roi. Un exetnpu• farneux nous rnontrera
que le Florentin ne reculait devant rien pour obtenir, ou conserver, les faveurs de son Inaitre.
'-ors de la representation d'une de ses tragédies, comme le Roi conservait un Air maussade ct ne
semblait gouter que med,ocrement sa nouvelle œuvre, Lully n'heslte pus, il saute de la fosse
ou dirigeait ses Inusic,ens et sc précipite à pieds joints sur un clavecin. l'ecrasant complètement :
Je Hoi s'esclalle, les courtisans l'imitent, plecc etait sauvée et Ic prestigc du surintendant avec.
A la suite de manœuvres qui sont près d'étre malhonnêtes, il réussit à acheter au rnalhcureux
Perrin le privilege lu. donnant le droit de diriger l'Acadét1iie Nationale de Musique (Opera).
Homme d'ullaires, cout Aisan, musicien, organisateur infatigable, 11 va durant quinze annees
exercer une aictature It•roce dans le doma.ne de la musique theàtrale. Ce fils de nteunler, né
en 1632. mourra archimillionnaire, après avoir été annobli par le Hoi qui fut son tetnoin ae
mariage. Par un curieux paradoxe, cet Italien va écr.rc une Iuus.que qui sera plus I •rançaise
que nature, pendant que. aans le 'nétne ten•ps, son contemporain Marc-Antoine Charpentier qui,
saur un court soour ae trois ans Rome, pa»sera sa vie à l•aris, écrira une Inusique Italianisante.
J.-b. Lull)G qui ne manquait pas une occasion de plaire à son souverain, ne pouvait dedaigner
a'ecrire les Atrs et Marcnes devant servn• aux soluats de Sa Majesté ou aux létes militaires ct
autres carrousels.
La Musique du Roi, qui fut organisée régulièrement par François Ier, comportait trois départe-
ments, la Musique de ia Chapelle, la Musique de la Chambre, la Musique ae la Grande Ecur•e.
Cest une de ces veus res de circonstance que nous avons enregistrée Ici, ccr'te pour le Carrousel
de 1686.
Une autre œuvre de circonstance est la Marche deux Timbales pour le Carrousel de 1685 »
de André Philidor. qu'il ne faut pas conlondre avec François André, le fameux joueur d'ecbees
et creuteur de l'opéra-comique.
Comme les Bach en Allemagne, comme les Scarlatti cn Italie, ou les Couperin en France,
les Philidor consotuent une des Plus ilnportantes lignees de music.ens que l'on connaisse. On n'en
compte pas moins de quatorze, partant de l'epoque de Louis XIII et se terminant en 1769. André
i'll."dor, issu du mariage de Jean Danican (le prenuer l'hilidorj et de Jacqueline Gaudière, est né
a Puris en 1647. Les Philidor s'appelaient Daniean•, la légende veut que son pere, « phifre » de
la orande Ecurie, jouant devant Louis XIII, l'enthousiasma tellelnent, que celui-ci, se rappelant
un musicien entenuu en Italie, se serait ecrié : Voici un nouveau Filidor. • Quoi qu•il en
soit, A r.dre Phi.idor encore tout jeune obt.nt son brevet de joueur de quinte de cromorne et
de tron•pette de ta Grande Ecurie, jouant de plusieurs autres instruments, écrivant pour les
lites militaires ou pour les ditterentes compagnies de soldats, au service du Iloi de France.
Ce n'est cependant pas cc titre que nous lui devons une immense reconnaissance.
En 1684, André Philidor est nommé adjojnt au poste de gardien de la Bibliothèque de la
Musique du Roi, poste qu'il occupera bientôt seul. Il conçut alors le projet de reutnr cn un
corpus tous les ouvrages que la France avait jusqu•mors proauits, tache g.guntesque,
menee bien, mais dont il ne reste p,us guère que la moitie, par suite de l'incurie admin.stranve,
qui suivit les desordres de la nevmution. Nous conservons cependant encore la majeure partie
aes pieces qui turent écrites pour les dillerentes compagnies militaires par lui-même ou
l'incomparable M. de Lully
Louis XIV semble avoir tenu Philidor en haute estime, puisque, en 1680, il fit don à son
bibliothécaire d'une place à bûtir rue du Bel-Air, Versailles, et, trois ans plus tard,
l'autorisa ù mettte en loterie la maison construite sur cet emplacement. D'un premier mariage,
il eut seize enfants, puis devenu veuf et renutrie, II aura encore de cette nouvelle union cinq enfants,
'ont run devait devenir le eélebre François-André Philidor. Retiré ù Dreux, il y meurt le
Il aout 1730, apres une vie labor.euse et tout entiere consacrée à la musique.
La Marche à deux timbales enregistrée sur ce disque fut écrite pour le Carrousel de 1685.
Cette œuvre nous fait peut-être mieux apprécier l'importance du rôle tnuslcal et militaire des
timbales sous l'Ancien Régime. Les timbales jouissaient, en effet, d'un prestige tout particulier,
qui les fa,sait regarder connue des syniboles uerriers. A tel point que, réservées à des troupes
a•eljte, les colonels n'étaient autorises les oindre leurs trotnpettes que si elles avaient été
conquises de haute lutte, Jes armes la main Nous ne pouvons resister au plaisir de transcrire
ici. ce que l'on peut dans Les Travaux de Mars • parus en 1691, sous la signature de
Mallet, et cité pur Michel Brenet dans son livre passionnant consueré aux musiques militaires.
Le timbalier doit étre un hornjnc de cœur et chercher plutôt périr dans le combat, que de
se laisser enlever avec ses timbales. II doit avoir un beau mouvement de bras et l'oreille Juste
et se Inirc un luisir de divertir son maitre par des airs agréables, dans les actions de
Pendant les revues et les marches. le timbalier. monté sur un cheval somptueu-
rejouissance...
sensent harnaché. se tenait en avant de la con.pagnie du colonel, prouvant ainsi toute son
amporta nce.
François Couperin, dit le Grand, fait lui aussi partic d'une grande lignée de musiciens.
A dix-sept ans, François Couperin prend l'orgue de Saint-Gervais i' la suite de M.R. de la Lande.
trop occupé pur ses activités versaillaises. Le 26 décen)bre 1693, la mort de Thornelin (titulaire
par quartiers lu Chapelle Royale organiste), (louper in est choisi par Louis XIV cotutne
étant le plus experjn•entè en cet exercice II prendra le quartier de Janvier. cependant que
butrene prend celui d'Avril. Nivers celui de Juillet. et Le BC ue celui d'Oetobre. Maitre
de des de F rusu•e•. u ux ulentours de t 094, ensei ruera plus turd u u duc de
JSourgogne les regles de puis celles de la conu»os ti01i.
DISQUES CONTFŒPOINT vogue
FACE 2
Jean-Baptiste LULLY (1632-1687).
FANFARES POUR LE CARROUSEL DE MONSEIGNEUR de 1686.
a) Prélude de la Grandc Ecurie.
— b) Menuet. — c) Gavotte. — d) Gigue.
Michel.Richard de LA LANDE (1657-1726).
SYMPHONIES POUR LES SOUPERS DU ROY.
a) Ouverture de la première suite.
— b) Troisième air. — e) Air de Diane du ballet
de Flore.
— d) Grand Air de la cinquième suite
. ej Menuet de Cardénio danse par
le lloy. —
I ) Passe-pied de l'inconnu dansé par le Roy. —
g) Rondeau-Sarabande. —
h) Air de 'inconnu, premier ballet du Roy en 1720 dansé par le Roy seul.
André PHILIDOR (1647-1730).
MARCHE A QUATRE TIMBALES
POUR LE CARROUSEL DE MONSEIGNEUR de 1685.
Jean-Baptiste LULLY (1632-1687).
MARCHE DU REGIMENT DE TURENNE.
L'histoire étant un éternel recommencetnent, c'est évidemment sans surprise que l'on apprendra
qu'à cette époque la musique italienne etait fort prisée du public. Pour illustrer ce que nous
venons d'écrire, nous ne pouvons mieux faire que de laisser la plume Couperin lui-même qui
raconte un amusant subterfuge lorsqu'il publie en 1726 ses prem,eres œuvres :
La premiere
Sonate de cc Recueil fut aussy la première que je composay et qui ait été composée en France.
L'histoire nième en est singulière. Charmé de celtes du Signor Corelli, dont j•aimeray les œuvres
tant que je vivray, ainsy que les ouvrages françois de Mons.eur de Lully, j'hasarday d'en composer
une, que je lis exécuter dans le concert ou j'avais entendu celles de Corelli...
et me defllant de
moy-mëme, je me rendis, par un petit mensonge officieux, un très bon service; je feignis qu'un
parent que j'ay enectivement auprès du Roy de Sardatgne m'avait envoyé une Sonate d'un
nouvel auteur italien, je rangeay les lettres de mon nom de façon que cela forma un nom italien
que jc mis à la place. La Sonate fut dévorée avec etnpresscment; et j'en taira.s rapologie. Cela
cependant m'encouragea, j'en ns d'autres ; et mon nom italianisé m'attira, sous ce masque, de
grands applaudissetnents. Mes Sonates, heureusement, prirent asses dc faveur pour que requ,voque
ne m'ait point fait rougir. »
« La Steinkcrque faut partie des Sonates trois de 1692. En l'occurrence, nous n'avons
strictetnent rien changé à l'œuvre de Couperin. Nous lui avons seulement ajouté deux hautbois
et un basson, et Itous avons étoffé un peu le nombre des cordes.
S'ouvrant par un tnouvement vif en fanfare, Couperin s'essaye à l'imitation des batailles
symphoniques de Lulli, dans le doniaine de la Sonate. Malgré certain tnouvement en style
d'nnitation rigoureux, un pcu conventionnel, on adnnrera la cnaleur, la sensualite des mouve-
ments lents.
Enfin, Couperin, qui aigue sa langue, veut la bien parler. Il se refuse raire ce que font la
plupart de ses confrères : les indications de mouvement sont écrites en français et non en italien.
il emploie systematlquement Ic terme Sonade Malgré lui, cependant, l'italianisme
Ainsi,
Sonate triomphera.
Dans son appartement de la Rue Neuve des Bons-Enrants, Couperin décède, n'ayant pas
encore atteint sa soixante-cinquième année, le 12 septetnbre 1733, en laissant sa femme et à ses
Illies le soin de publier les manuscrits qu'il n'avait pas encore fait connaitre. Son vœu ne rut
pas exaucé, et il est certain que la musique rrançmse y a beaucoup perdu.
I,'Avignonnais, Jean-Joseph Mouret, surnommé le Musicien des Grâces Maitre de la
Musique de la Duchesse du Maine, compositeur de la Comedie italienne, collaborant aux Nuits
de Sceaux fait quelques recherches sur l'instrutnelltation, ce qui nous vaut ses « Suites de
SYIi1phonies » dont la premtèt•e, enregistrée ici, est sans aucutt doute la plus intéressante. Elie
fut ecrite dans le courant oe l'année 1729. Henée Viollier, dans son interessant ouvrage sur le
Illusicien (les Grâces, nous apprelld que le Mercure d'octobre 1729 atlnonce en ces termes
la publication de ces sytnphonies. 011 verra. par ce qui suit, que les l'rières d'inserer • ne
datent pus d'aujourd'hui, et, surtout, que leur caractère d •auto-publicitè n'est pas nouveau :
x Le Sieur Mouret avertit qu 'il vient de donner au publie deux petits ouvrages de sa composttaon.
savoir, un livre de Cantates françaises avec Symphonies qu•on vend hutt Livres. et un autre
l'une de Fanfares avec des trompettes. timbales.
livre de Symphonies qui contient deux Suites —
hautbois et violons, et l'autre de violons. avec des cors de enasse. que le dit Sieur Mouret a eu
l'honneur de faire exécuter à l'IIÔteI de Ville le jour que Sa Majesté y est venue. On vend ce
dernier livre quatre Litres.
Après une vie exempte presque tout entière de soucis matériels, la perte de sa charge va lui
porter coup dont il ne se renlettra pas, et l'étoile de ilanu•au va te releguer comme
Fruncceur, cotilnlc• Colin de Blanlont, dans la pe11011ibt•e, et I 'achever detinitivement. li tin'ra ses
jours enfeltné chez les Pères de la Charité à Charenton, ou il restera d'avril 1738 au 2 decembre
de la mètne année, jour de sa mort.
Michel-Richarti de La Lande, né à Paris en 1657, va étre un des plus grands musiciens de
son epoque qui en compte tant :
En 1679, II va prendre la succession de Charles Couperin l'orgue de Saint-Gervais ; eu 1683,
il sera sous-lnaitre de la Chapelle royale à la suite de Henru Mont. Dix ans lus tard.
il accédera la plus haute charge, avec la surintendance de la Musique du Roy. En 169 , nommé
compositeur de la Musique de Chai'lbre, puis ll"iitre de lu Musique de Chambre, en 1695, on
peut dire qu'il retnpl't toutes les charges de lu Musique royale.
Il aura cutnulé quelque ternps les orgues de Saint-Gervais et de Saint-Jean-en-Grève, n'aban-
donnant ee poste qu en 1691, cependant qu'en Louis XIV le chargera d'enseigner le clavecsn
à Mlle de Nantes et Mlle de Blois, ses royaux bûtards.
La port la Plus itnportante et celle qui est digne de représenter hautement la musique
française est ses gratids Motets publiés après sa mort par sn fenune.
Ses Symphonies .potit• les Sotipers du ne constituent pas une œuvre originale. Elles sont
fournies de l•assenlb/uge d'un certa in notubre d'extraits de ses œuvres, et mètne de l'ouverture
du Te Deum.' Leur enregistrement il'tégral eût nécessité plusieurs disques. Sous avons. quant a
nous, rait choix d'un certain non•bre de pièces paruli celles recueillies.
Il convient de remarquer ici que ces Symphonies ne demandent pas à être la tète
entre les Musique fonctionnelle ses Symphonies sont la mus que douce • de
L'époque. et si certatns censeurs austères n'ont que mépris pour ceux qui écoutent trop la radio.
il ne faut tout de pas oublier que, de son lever à son coucher, Louis XIV avait un orchestre
qui, à chaque circonstance de lu journee, lui jouait une tnusique appropriée à ces circonstances.
C'est dans ce sens qu'il convient d secouter, Selon nous, ces tuphotiles pour les Soupers du Roy
GUESNON
ROGER DELMOTTE premier
trompette solo de l'Opéra, joue
en exclusivité sur trompette
54, Rue • PARIS
. Tél. .
TAItbout 93-82, 83,
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